Un collage d’un kitsch assumé aujourd’hui, en écho au dernier poème (ici). C’est rose comme les chairs et ça glisse.


Poèmes lyriques, érotiques, sarcastiques et réflexions diverses selon les humeurs.
Un collage d’un kitsch assumé aujourd’hui, en écho au dernier poème (ici). C’est rose comme les chairs et ça glisse.


Le dimanche au repos nos grands organes glissent
L’un sur l’autre frottant une chair ondulée
D’où crépite parfois une électricité
Onctueuse et mobile entre nos pores lisses.
Le temps passe et répand jusqu’à nos clitoris
Son attente brûlante où s’étiolent crevées
Nos expirations trop longtemps éprouvées
Faisant battre nos cœurs dans d’incongrus abysses.
Lorsque je suis plus bas et que mon petit sein
Se niche par bonheur dans le creux du pubis
C’est à cet endroit-là, sous la fine pelisse,
Qu’elle sent mieux mon cœur qui pulse avec entrain
Résonnant dans les plis qui rebordent le sien
Et qu’elle défaille presque, tombée en précipice.
Extrait du poème « ‘Il y a trop d’artistes aujourd’hui ! », à lire ici. Ceci est le collage n°6 car le collage n°5, un peu spécial dans son intention, ne sera publié que prochainement sur le blog.



Vers issus du même poème que le collage n°1, dont le long titre est lisible à l’envers en haut du collage ;). A lire ici !


Les gens retirent leurs chaussures chez moi alors que je ne le leur demande pas
Les poèmes sur la fuite du temps me donnent envie de pleurer
On s’attend à ce que j’aie fait à dîner lorsque j’ai des invité·es
J’essaie de m’inventer de nouvelles passions pour lutter contre la dépression
J’ai une longue ride qui court sur tout mon cerne droit
Ne pas parler des enfants de mes ami·es avec mes ami·es qui ont des enfants est une démarche consciente et raisonnée
Les publicités à la télévision visent les jeunes trentenaires comme moi et quand je les vois je me dis ah c’est intéressant ça
Je suis adulte depuis déjà bien plus de dix ans
J’ai le double de l’âge de mes élèves
J’écris sur le fait que le temps passe
J’ai eu le temps de faire tant d’expositions que c’est parfois déjà la deuxième rétrospective à Paris sur tel peintre mec dont j’ai déjà vu une rétrospective à Paris
J’ai de nouveaux problèmes de santé tous les deux ans et ils ne disparaissent jamais vraiment
J’ai commencé une thérapie
J’essaie de quitter l’ironie pour accueillir l’émotion
Nettoyer les joints de ma salle de bains prend une vraie place dans ma vie
J’ai eu le temps de progresser puis de régresser
Je bois de plus en plus de café
Je me dis qu’il faudrait que j’essaie de pardonner et même peut-être de me pardonner
Mais c’est dur
C’est encore dur
Pourtant chaque jour je me souviens encore que je vais mourir
J’ai toujours aimé les vanités la peinture flamande le clair-obscur de la mort qui vient
Je n’en éprouve aucun chagrin et je trouve ça beau
J’arrive à un âge où je me dis que j’ai déjà beaucoup accompli
Et que si je mourais demain j’espère qu’on serait fier·e de moi
De mes petits poèmes et de mes quatre accords au ukulélé
Qui font souffler les réponses dans le vent
Et mourir le lion dans la jungle
Plus de carnage
Je vais dans les musées je suis défaite d’émotion devant les crânes les fleurs qui fanent et les fruits qui pourrissent avec leur petite mouche
Tout est bien
Je vais mourir un jour mais en attendant j’essaie de vivre
Apprendre à mourir c’est apprendre à vivre tout ça
J’en suis au point où j’essaie même de faire des poèmes en vers libres
Tout se perd ma bonne dame
Mais moi dans le chaos j’essaie de me trouver.
Je me lance dans un nouveau hobby : la création de collages destinés à illustrer mes poèmes/vers. Voici le premier, où l’on a décidé de donner au E du premier hémistiche toute sa place, en divisant en quelque sorte le vers principal en deux. Le poème que le collage illustre ici.
J’ai beaucoup trop kiffé faire ça, mais ce n’est pas parti pour me guérir de mes obsessions… !


Le lyrisme est navrant comme la pluie qui tombe
Le réel est navrant comme un alexandrin
Il semble propre et beau mais il y a sous son masque
La laideur de la tombe et du temps et de l’âge.
Je trempe tous mes vers dans les creux de mes lombes
Et je malaxe alors tout ce joyeux pétrin
On fait dire ce qu’on veut aux mots dans cette vasque
Ils n’ont point d’avenir, mais ils font équipage
Pour que ces chers traumas et autres émotions
Modelés dans mon corps dans de tout petits vers
Fassent irruption en piètre éruption
Dans le monde merdique où nous évoluons
Où rien n’a d’importanc’ que l’appétit des vers
Qui nous dévoreront, à poil dans la poussière.
Je goûte l’ironie dans le fait littéraire :
Libertin·e cynique ou bourgeoisie risible,
Le ris fin de Stendhal ou le cinglant Flaubert,
Activent un plaisir complice irrésistible ;
Je me sens cajolée dans mon cerveau nacré,
Modelé de l’idée que c’est intelligence
De se moquer des gens aux quatre coins de France
Et de manier en tout un fier second degré.
Sentir est ridicule, et mièvre, et féminin.
Façonnée par ces mecs, je ne sais pas toucher
Les intimes parois où s’appuient mes pensées
Quand je parle à ma psy. Je suis paralysée
Par peur que la candeur me donne l’air crétin.
Seule la poésie fait s’extirper ma voix.