Le croira-t-on ? J’ai décidé que la pause, qui aura duré un an, était terminée, et je commence à avoir de nouvelles idées. Voici le premier poème qui vient rompre mon abstinence, et ça tombe bien, puisque ça parle, entre autres, d’abstinence. Programme du soir : un clin d’œil à la passante baudelairienne, une révélation croustillante concernant le premier signe de mon coming in, et dans le second quatrain et le premier tercet un hommage successif à mes deux fidèles muses féminines – les deux seules, muses éternelles, celles pour qui j’ai écrit. Il se peut que j’aie glissé quelques allusions à la génitalité femelle dans ce poème…
Le premier appât fut, pour mon virage arqué,
Non pas le doux souris ou le regard despote
D’une beauté fatale à l’ourlet soulevé –
Mais je crois que ce fut l’odeur de ma culotte.
Bien sûr qu’elle me plut, bien sûr que je l’aimai ;
Bien sûr qu’elle fendit la sévère Abstinence,
Drapée dans ses lourds plis étanches et muets,
Par son aura célère, armée de nonchalance.
Plus tard, d’autres parfums eurent ma préférence ;
Et je vis pour le sucre onctueux de la langue
Et l’acide salé des lèvres de l’aimée.
Toutefois avant que je fisse connaissance
Des deux muses chéries, c’est par ma propre gangue
Perméable et plissée, que je fus excitée.